Ensemble bloquons la hausse!
Après une hausse des frais de scolarité annoncée en 2010, 1625$ sur 5 ans, et devant entré en vigueur à l’automne 2012 dans le cadre de la surnommée « Révolution culturelle » du ministre des Finances et du Revenu du Québec Raymond Bachand, alors membre du gouvernement libéral de Jean Charest, une résistance active couplée à une grève étudiante sans précédent pour le Québec s’est tenue au printemps et à l’été 2012.
Suite à l’élection du Parti Québécois, un sommet sur l’enseignement supérieur a été convoqué à l’hiver 2013 par la première ministre Pauline Marois, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie Pierre Duchesne, la ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport, Marie Malavoy, et du député de Laval-des-Rapides et adjoint parlementaire à la première ministre pour les dossiers jeunesse, Léo Bureau-Blouin. Léo Bureau-Blouin, est, rapellons-le, le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) durant la grève de 2012: une fédération nationale qui à peu participé au maintien et à l’élargissement de la grève à l’époque, mais qui à fortement profité de la tribune lui était offerte pour pousser son propre agenda politique.
Parmi les conclusions dudit sommet que l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (L’ASSÉ) de laquelle l’AFESPED était alors membre avait décidé de boycotter, une hausse de 3% adossée à la croissance du revenu disponible des ménages avait été annoncée. Pierre Duchesne avait par la suite procédé à une réforme de cette hausse à 2,6% pour 2013 et 2014.
En février 2016, nous apprenions que le gouvernement libéral de Philippe Couillard souhaitait procéder à de nouvelles compressions en éducation et à une possible hausse des frais de scolarité supplémentaire. Ces mesures viennent s’ajouter aux compressions de 270 millions de dollars en matière d’éducation supérieure effectuées depuis l’élection de ce gouvernement en avril 2014 et complémentaire à la politique d’austérité qu’il mène. Notons que ces compressions et ces hausses de frais sont à replacer au sein d’une attaque généralisée du Parti libéral et du Parti Québécois à l’égard des services publics.
Site web de la campagne de grève de l’Hiver 2012 : http://www.bloquonslahausse.com/
Bilan judiciaire de la grève de 2012
Le Québec a vécu en 2012 la plus longue et la plus importante grève étudiante de son histoire. Le mouvement de grève et de contestation sociale a donné lieu, dans la foulée, à la plus grande vague d’arrestations de l’histoire du Québec. Jamais non plus n’aura-t-on connu au Québec une aussi forte instrumentalisation du pouvoir judiciaire et un profilage discriminatoire aussi généralisé pour réprimer la mobilisation étudiante et étouffer, sans succès, la contestation.
Ce rapport examine, notamment, les aspects suivants: le nombre d’arrestations sans précédent, soit 3 509 arrestations du 16 février au 3 septembre 2012 ; les allégations de brutalité policière; l’utilisation sciemment détournée de dispositions législatives existantes, soit les accusations abusives et désincarnées (dont, pour la fumée dans le métro, celle d’incitation à craindre le terrorisme), les arrestations et détentions préventives en vertu de l’article 31 du Code criminel et les constats d’infraction émis en vertu du Code de la sécurité routière ; la fabrication de nouveaux outils, soit l’adoption précipitée de règlements municipaux limitant le droit de manifester et l’adoption d’une loi spéciale répressive et liberticide; la négation des droits collectifs des associations étudiantes avec la pluie d’injonctions ordonnant aux associations étudiantes de cesser de bloquer l’accès aux salles de cours et aux établissements.
Association des juristes progressiste (AJP), Ligue des droits et liberté (LDL), Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), Répression, discrimination et grève étudiante : analyse et témoignages (2013)
La grève étudiante de 2012 fut à l’époque l’une des grèves étudiantes les plus longues et les turbulentes connus au Québec. L’importance de la mobilisation et son bilan judiciaire fait de la grève de 2012, appelé par certain Printemps Érable en référence au Printemps Arable au Moyen-Orient l’année la précédant, fut l’objet de nombreuse recherches, rapport et à inciter certains organes gouvernementaux à entreprendre des commissions d’enquêtes sur la question. À ce jour, la grève de 2012 est encore un référant historique pour de nombreuses personnes dans les milieux académiques.
Élargissement de la lutte
Alors que la grève générale illimitée commençait à s’épanouir à travers les votes de grève dès la mi-février 2012, celle-ci marquait aussi le chemin vers une lutte populaire que personne n’avait réellement prévu. Lors de la première grande manifestation à Montréal, le 22 Mars 2012, celle-ci compte environ 200 000 personnes à Montréal, contre toute attente. Durant cette journée historique qui marquera pour plusieurs le véritable début de la lutte, plus de 310 000 étudiants.es sont en grève sur un total de 400 000.
Avril marque le mois des négociations ratés. Le gouvernement exclus de la table de négociation la CLASSE (Coalition large de l’ASSÉ) et refuse de la réadmettre tant et aussi longtemps que celle-ci ne dénoncera pas la “violence et l’intimidation” des grévistes sur les lignes de piquetages et dans manifestations journalières. Cette situation motive plusieurs grévistes à s’organiser d’avantage, mais mobilise aussi une partie de la population, accusant le gouvernement d’être maître de son malheur à claquant la porte au regroupement étudiants principalement impliquer dans la campagne contre la hausse, devenu alors une campagne pour la gratuité scolaire.
Le 4 mai 2012 alors que le Parti Libéral du Québec (PLQ) tien son congrès dans un hôtel de Victoriaville, une manifestation regroupant de nombreux étudiants et étudiantes, ainsi que des groupes communautaires, se transforme en émeute. Un étudiant y laissera son œil, après avoir reçu une balle de contrôle de foule en plein visage. Il s’agit du deuxième éborgné en 3 mois. L’émeute de Victoriaville est la deuxième émeute de la grève, la première étant identifié par plusieurs comme étant la manifestation-action contre le Plan Nord à Montréal le 20 avril 2012.
Le 8 mai 2012, le gouvernement du PLQ , dépose à l’assemblée nationale un projet de loi pour “l’accessibilité aux études supérieurs” qui, malgré son nom, relève des caractéristique des lois spéciale forçant le retour le travail. Le projet de loi 78 (ensuite Loi 12) prévoit plusieurs éléments dont un nouveau calendrier scolaire avec une reprise dès septembre, reprenant en 1 mois et demi l’ensemble des 45 heures par cours, des modalités restrictives pour manifester dans les rues de l’ensemble de la province empêchant quelques groupes de plus de 50 personnes de manifester sans autorisation des services de police locaux, ainsi que des amandes pour le piquetage.
Cette loi, appelé parfois Loi 78, marquera l’été 2012 par le mouvement populaire des casseroles visant directement à défier là loi pour sauvegarder les droits et libertés d’associations et d’expression. La loi 12 sera par ailleurs dénoncer par certains organismes de droits humains, dont l’ONU et la LDL; alors que les arrestations massives et successives suite à cette loi seront dénoncé par Amnistie Internationale.
L’amère retour en classe
À suivre…
Consulter la banque photos de André Querry pour des images de la mobilisation de 2012 : Désobéir