Le ministre Jean-François Roberge et son boys club
Le froid de janvier ne nous apporte pas seulement la douceur de l’hiver, mais aussi les annonces du plan d’action du gouvernement pour régler la question de la rémunération des stages.
Rappelons que notre bon ministre avait accusé en novembre dernier les étudiantes en grève de défoncer des portes ouvertes, alors que son gouvernement était déjà tout ouïe sur la question des stages. Sa formation politique, nous rappelle-t-il naïvement, avait fait pression sur le gouvernement libéral de Philippe Couillard pour l’obtention de la compensation du stage 4 en enseignement. Loin d’être rassurant, cet appel à rester de glace face au statu quo jusqu’à ce que le gouvernement ait statué sur l’avenir des stages fut évidemment rejeté publiquement par les étudiantes en grève.
La grève d’une semaine aura eu comme effet de convaincre le ministre Roberge de s’asseoir avec les étudiants.es pour parler du plan de match du gouvernement. Pour dialoguer avec les étudiants.es, le ministre Roberge choisira de contacter la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), l’Union étudiante du Québec (UEQ) et l’Association pour une voix étudiante au Québec (AVEQ), trois associations étudiantes nationales si distantes du mouvement de grève et des revendications portées par celui-ci, qu’elles constituaient les interlocutrices parfaites pour le gouvernement. Seul l’AVEQ se rendra compte de la supercherie et informera les Coalitions régionales de la tenue de la rencontre avec le ministre Roberge; la FECQ et l’UEQ fidèles à leurs habitudes corporatives et récupératrices n’en diront mot.
Le 13 décembre 2018, se sont donc retrouvé.es autour d’une table plusieurs délégué.es étudiants.es, les représentants.es du ministre et fonctionnaires du ministère de l’éducation supérieur pour discuter des stages et de la “complexité du dossier” pour le ministère. Les délégations des Coalitions régionales ont prises des notes plus qu’exhaustives de la rencontre, mais ont aussi reçu un document préparé par le gouvernement cataloguant en pas moins de 14 catégories les stages présents dans les établissements d’enseignement. :
Mais où était le ministre Jean-François Roberge durant cette rencontre? Assis autour d’une table avec les représentants de la FECQ, de l’UEQ et de l’Association Montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES) pour une rencontre de travail. La concertation avec des associations nationales peu représentatives des étudiants.es du Québec et encore moins concernées par le dossier qui préoccupe actuellement des milliers étudiants.es était visiblement plus importante que d’assister à la rencontre sur les stages, le dossier supposément prioritaire du ministre. Une question surgit? Les Boys des fédérations étudiantes sont-ils plus importants que les milliers d’étudiantes forcées d’effectuer du travail gratuit? Poser la question, c’est y répondre.
Nouvelle année, vieille tactique.
Alors que l’on annonce déjà des votes pour une grève générale illimitée, le Ministre Roberge ne tarde pas à reprendre ses activités. Pas plus tard que le 16 janvier, la coalition montréalaise, ainsi que les autres coalitions, recevaient un courriel d’invitation à une deuxième rencontre d’échange sur les stages le 13 février prochain.
“Mesdames, Messieurs,J’ai le plaisir de vous convoquer à la deuxième rencontre d’échange sur les stages.Cette rencontre aura lieu le 13 février prochain de 14 h à 16 h, par visioconférence dans nos bureaux de Québec et de Montréal.Cette rencontre permettra de faire un état de situation des travaux menés au ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (Ministère) visant à recenser les stages offerts dans les programmes d’études professionnelles, techniques et universitaires. En effet, depuis notre première rencontre d’échange sur les stages, le Ministère a recueilli diverses informations à ce sujet auprès des établissements collégiaux et universitaires.Cette rencontre permettra également de poursuivre nos discussions sur les préoccupations et les enjeux de la communauté étudiante.
Courriel d’invitation du ministère de l’éducation supérieur
À des fins de logistique, nous souhaitons que chaque regroupement étudiant (AVEQ, CUTE, FAEUQEP, FECQ et UEQ) nomme un maximum de 4 représentantes ou représentants étudiants.
Nous vous transmettrons un projet d’ordre du jour quelques jours avant la rencontre.”
C’est donc avec surprise que nous apprenions le 19 janvier que le Ministre avait encore une fois rencontré les représentants de la FECQ et de l’UEQ sans convoquer les coalitions régionales, se contentant de nous exposer par communiqué de presse le plan de travail du ministère. Les entrevues médiatiques données par le ministre suite à cette annonce donnent déjà le ton du travail qui sera fait par le gouvernement : les stages seront divisés entre ceux de “prestation de travail” et ceux “d’observation” et il est peu probable que les étudiants.es reçoivent un statut de salarié.es et un salaire, le ministère privilégiant sans s’en cacher la solution de la compensation financière via l’aide financière aux études.