Campagne pour la rémunération des stages

La campagne de mobilisation pour la rémunération des stages

«Dans un contexte d’augmentation du chômage et de la précarité chez les jeunes, l’attention du mouvement étudiant s’est posée depuis un peu plus d’une dizaine d’années sur les conditions des stagiaires (Chen et Ozich 2015). La mobilisation en faveur d’une rémunération des stages s’est constituée autour d’une succession de groupes de pression actifs dans différents pays, dont notamment la Global Intern Coalition qui revendique aujourd’hui 18 organisations affiliées basées dans 13 pays.

Au Québec, le mouvement étudiant s’est lui aussi rallié autour de cette préoccupation. Prenant en compte les réalités contemporaines des stagiaires, des iniquités qui subsistent entre les divers domaines d’études et d’emploi en fonction du genre, de la précarité et de l’endettement croissant des étudiantes et étudiants, les Comités Unitaires sur Travail Étudiant (CUTE) et la Coalition montréalaise pour la rémunération des stages revendiquent la rémunération de tous les stages dans tous les ordres d’enseignement. Cette campagne vise à faire reconnaître le travail étudiant comme un travail méritant un salaire et des conditions convenables

Extrait du document présenté par l’ADEESE au Conseil d’administration de l’Université du Québec à Montréal à l’occasion de sa réunion du 20 mars 2018. Il vise à présenter brièvement différents enjeux relatifs à la rémunération des stages.

Depuis 2016, plusieurs actions et prises de paroles ont eu lieu sur l’enjeu de la rémunération des stages et la reconnaissance du travail gratuit. Le site Grève des stages en relate l’historique, depuis la mobilisation des doctorantes en psychologie ayant fait la grève pendant plusieurs semaines pour obtenir la rémunération de leur internat, au même titre que les autres professionnelles de la santé. Cette mobilisation se soldera par un gain partiel: la compensation de l’internat, qui doit être renégociée en 2018. Ce dernier gain, 2 ans plus tard est considéré nettement insuffisant pour rémunérer et reconnaître la valeur du travail des psychologues. Cette maigre tentative de division, que tentera de nouveau le gouvernement avec le Stage 4 en enseignement au printemps 2018, échouera avec l’adoption progressive de la campagne pour la rémunération et vers la grève de plusieurs associations étudiantes.

Historique de l’implication de l’AFESPED

En janvier 2018, les membres de l’AFESPED réuni.e.s en Assemblée générale décidaient de participer à la campagne pour la rémunération de tous les stages porter par différent groupes militants, et plus particulière par différents Comité Unitaire pour le Travail Étudiant (CUTE) établis sur les campus de la province de Québec. À ce moment, l’AFESPED est dotée d’un mandat d’appui et de diffusion aux CUTEs (particulièrement au CUTE-UQAM) et est enjoins à rallier la Coalition Régionale Montréalaise pour la Rémunération des stages (CRMRS), comme l’ont fait d’autres associations avant elle.

Dans le cadre de ce mandat, l’AFESPED s’est chargée d’organiser une assemblée générale de grève, afin de participer aux mobilisations du 8 mars 2018, Journée internationale pour les droits des femmes. Le but est de souligner l’aspect féministe de la lutte pour la rémunération des stages. Réuni.e.s en Assemblée Générale de grève le 15 février 2018, les membres ont voté à forte majorité en faveur d’une journée de grève. Le 8 mars marquera la première journée de mobilisation de la AFESPED dans la campagne pour la rémunération des stages.

Au cours du printemps, la CRMRS préparait la rentrée de la session d’automne 2018 avec un plan d’action concret en tête. Si le gouvernement refuse de retirer les exclusions concernant la rémunérations des stagiaires dans le Règlement sur les normes du travail et que le statut de travailleuses et travailleurs n’est pas reconnu aux étudiantes et étudiants stagiaires, celles-ci et ceux-ci déclencheront une grève générale illimité à la session d’hiver 2019. C’est alors que la grève des stages devient le moyen privilégié par la CRMRS, les CUTEs et les autres Coalitions Régionales pour faire bouger le gouvernement. À la fin du printemps 2018, certaines associations ont adopté le plan d’action vers la Grève Générale illimitées pour l’hiver 2019 et lancent un ultimatum au gouvernement : la rémunération ou la grève ! Parmi elles, l’ADEESE et l’AFESH-UQAM adoptent le plan de campagne.

La rentrée de l’automne 2018 bourgeonne de mobilisations sur de nombreux campus. Le plan d’action et la proposition de campagne écrite au printemps-été 2018 est débattue au sein  de nombreuses associations étudiantes. Pour sa part, les membres de l’AFESPED ont adopté l’Ultimatum de grève générale illimité lors de leur Assemblée générale du 11 octobre 2018. On compte parmi dans cette adoption, les mandats de procéder à une assemblée générale de grève pour participer à une semaine d’action en novembre 2018 et d’appeler à une Assemblée générale de grève générale illimitée en hiver 2019, lorsque le plancher des 20 000 étudiant.e.s et des 3 régions auront adopté un mandat similaire.

Le 7 novembre 2018, les membres réunis dans une Assemblée générale regroupant environ 10% des membres de l’AFESPED, ont pris position après plusieurs heures de débats sur la participation de l’AFESPED à la semaine d’action du 19 au 23 novembre 2019, en adoptant un mandat de grève des stages et de grèves des cours pour le 20, 21 et 22 novembre 2018.

Semaine de grève du 20-21-22 novembre 2018

L’AFESPED a profité de ces trois jours de grèves pour entreprendre des réflexions sur la revendications de la rémunération des stages, mais aussi sur la question du travail étudiant dans notre faculté de science politique et droit (FSPD). Ces réflexions étaient entre-autre motivées par le désir des membres, exprimé en assemblée générale, de spécifier les revendications de l’AFESPED face à la campagne et à comprendre comment celle-ci affectait directement les membres de l’AFESPED.

Ainsi, le mardi 20 novembre s’est tenu un atelier-discussion sur les stages au sein de la FSPD. Le but était d’abord de dresser un portrait général des stages et des activités pratiques des étudiant.e.s de la Faculté. Ensuite, la discussion s’est poursuivi les stages de la FSPD, leurs places au sein de l’université, leurs objectifs académiques, l’impact de la rémunération du travail sur la campagne, sur la reconnaissance juridique des stages, etc. (Compte-rendu à venir).

L’atelier du mercredi 21 novembre 2018, quant à lui, invitait les étudiant.es en droit et le corps professoral du Département des sciences juridiques à une activité sous le thème du travail gratuit des étudiant.e.s en droit. L’objectif de cette discussion était de réfléchir sur les enjeux et les questions entourant la rémunération des stages du Barreau. En effet, les conditions déplorables des stagiaires en droit doivent être mises sous les projecteurs : heures supplémentaires, travail gratuit, surcharge de travail, précarité financière, conciliation études/famille impossible, endettement. Rappelons que la politique actuelle du Barreau concernant le stage obligatoire ne permet aucun encadrement de ces conditions.  On vous suggères la lecture du texte de réflexions écrit pour l’occasion : Le travail gratuit : un enjeu qui concerne aussi les futur.e.s avocat.e.s

On doit aussi souligné que l’AFESPED à aussi participé et coorganisé, avec de nombreuses autres associations étudiantes, la manifestation montréalaise pour la rémunération des stages qui avait lieu le 21 novembre au centre-ville de Montréal.

Le futur de la campagne : 2019 année de grève ?

En date du 7 janvier 2019, 19 associations étudiantes, répartis dans quatres régions du Québec (Montréal, Outaouais, Québec et Trois-Rivière) et représentant plus de 20 000 étudiants et étudiantes ont pris comme mandat de tenir des assemblées de grève générale illimitée. Prenant acte de cette avancer, le comité exécutif de l’AFESPED se prépare donc à consulter ses membres sur la tenue d’un référendum de grève générale illimitées pour faire suite au mandat qui lui a été donné à la première assemblée de la session d’automne 2018.

Pour plus d’information, vous pouvez aussi consulter les recherches et documents suivants:

Carrier-Plante, Charles et Cécile Retg, Les stages et les stagiaires du réseau universitaire québécois: Portraits, enjeux et réalités, Rapport de recherche, Septembre 2018, pp.124