COVID-19 : Résultats du sondage pour la faculté de science politique et de droit

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Ce sondage a été réalisé par les différentes associations étudiantes facultaires de l’UQAM. Il a été envoyé par courriel à l’ensemble des membres d’au moins quatre des sept facultés que compte notre institution, en plus d’avoir circulé plus largement sur les pages Facebook des associations.

Il a pour objectif de sonder la population étudiante uqamienne sur les différents défis que pose la fermeture de l’université pour une durée indéterminée, dans un contexte de crise sanitaire liée à la pandémie mondiale de la COVID-19.

Le questionnaire comportait 31 questions divisées entre six sections : la situation générale de l’étudiant·e, sa condition financière et d’emploi, ses conditions de vie, son état de santé, sa capacité à suivre des cours en ligne ainsi que sa volonté de s’inscrire à la session d’été. Il a été ouvert aux réponses du 25 mars au 2 avril 2020.

1. Situation générale

La première section vise à brosser le portrait général de la situation d’études de nos membres au moment de la fermeture de l’UQAM. 4093 formulaires ont été acceptés à l’échelle de l’UQAM, répondant au critère de l’inscription à au moins un cours à l’UQAM à la session d’hiver 2020. Cela correspond à un peu plus de 10 % de la population uqamienne si l’on se réfère aux statistiques d’inscription à la session d’automne 2019. Dans le cas de la Faculté de science politique et de droit (FSPD), ce sont 547 formulaires qui ont été acceptés, ce qui représente un peu plus du quart des
étudiant·e·s de la faculté, si l’on prend les chiffres publiés sur son site web.

Les points saillants :

➔ La population étudiante consultée est fortement à risque de précarité financière accrue en raison du contexte de pandémie, notamment à cause des pertes d’emploi.
➔ L’absence d’un espace de travail et le fait d’avoir des enfants ou des personnes à charge posent un problème quant à la capacité de réaliser des cours à partir de la maison.
➔ Les étudiant·e·s uqamien·ne·s souffrent de détresse psychologique, apparue ou accrue avec la pandémie.
➔ Cette détresse limite leur capacité à effectuer des tâches au quotidien et elle est évoquée par la moitié des répondant·e·s comme étant une limite pour terminer la session en ligne.
➔ L’état de santé physique est aussi un facteur limitant la capacité de réaliser des tâches pour près de la moitié des étudiant·e·s.

Le programme ayant le plus de répondant·e·s est celui du baccalauréat en droit, suivi de celui de science politique, puis des programmes de premier cycle bi-disciplinaires (voir 1. Programmes d’études). La répartition des répondant·e·s par cycle d’études correspond assez fidèlement au portrait global de notre faculté.

La majorité des répondant·e·s est inscrite dans un régime d’études à temps plein (voir 2. Régime d’études). Les étudiant·e·s provenant de l’international représentent normalement un peu plus du dixième de la population étudiante uqamienne. Ce groupe forme 9 % des répondant·e·s du recensement qui étudient aussi de notre faculté (voir 3. Statut d’études). Si cela peut constituer un biais, nous expliquons la différence par le fait qu’une plus grande part de ces étudiant·e·s se trouvent à l’École des sciences de la gestion (ESG).

2. Conditions d’emploi et financière

La deuxième section s’intéresse plus particulièrement à la capacité financière de nos membres dans un contexte de crise dont on ne connaît pas la durée et à la charge de travail depuis le début de celle-ci.

Pour la huitième question du recensement, portant sur les sources de revenus, les répondant·e·s pouvaient choisir plusieurs réponses (voir 4. Principales sources de revenus). On se rend compte que :

➔ Ce sont près de six répondant·e·s sur dix qui dépendent principalement d’un salaire pour vivre.
➔ Les prêts et bourses de l’aide financière aux études constitue une autre source de revenus importante chez les répondant·e·s.
➔ Un peu plus d’un·e répondant·e sur dix bénéficie soit d’une allocation familiale ou d’aide de ses proches.

Pour ce qui est de leur situation d’emploi depuis la crise, on remarque qu’un peu plus de deux répondant·e·s sur cinq ont soit perdu leur emploi, soit vu leurs heures de travail diminuer depuis le début de la crise sanitaire. Ce sont un peu moins du tiers des répondant·e·s qui ont perdu leur emploi. Près de 7 % des répondant·e·s étaient aussi dans l’incertitude quant à leur contrat de travail. D’autres, environ 5 %, ont plutôt vu leurs heures augmenter depuis le début de la crise, notamment les répondant·e·s travaillant dans les services essentiels (voir 5. Situation d’emploi depuis
la crise).

À la douzième question du recensement, les répondant·e·s étaient invité·e·s à témoigner de leur degré d’accord quant à cinq affirmations décrivant des changements dans leur situation d’emploi ou financière depuis le début de la crise (voir 6. Dans quelle mesure êtes-vous d’accord les affirmations suivantes).

La première affirmation concerne l’augmentation de la charge de travail, qu’il soit rémunéré ou bénévole. Si un peu moins du quart des répondant·e·s affirme avoir vu sa charge de travail augmenter, près de six répondant·e·s sur dix ont une charge qui est restée similaire ou qui a diminué. Le reste (16,4%) ne sait pas ou refuse de répondre. D’ailleurs, il serait intéressant de croiser les données afin de voir si la charge des parent·e·s étudiant·e·s a augmenté. Cela dit, la question est quelque peu ambiguë dans la mesure où la charge de travail domestique ne fait pas toujours partie du calcul. La seconde affirmation aborde le risque de contracter la COVID-19 à travers son travail ou celui d’un·e membre de son ménage. Près de la moitié des répondant·e·s estiment être à risque de contracter le virus par une telle voie.

La troisième affirmation porte sur la possibilité chez nos membres étudiant·e·s, en cas de problèmes financiers, de compter sur l’aide de proches. Près d’un·e répondant·e sur trois affirme ne pas pouvoir compter sur un tel appui pour s’en sortir, ne pouvant donc que compter sur leurs propres moyens, ce alors que beaucoup ont perdu leur emploi.

La quatrième affirmation concerne la capacité de supporter financièrement la crise si elle se prolonge. Ici, les résultats sont clairs : c’est environ la moitié des répondant·e·s qui juge ne pas avoir les moyens suffisants pour subvenir à ses besoins si la crise se prolonge.

Enfin, la dernière affirmation est frappante : les deux tiers des répondant·e·s, dont 45 % sont tout à fait en accord et 22 % plutôt en accord, disent que leurs sources de revenus sont affectées par la crise de la COVID-19.

3. Conditions de vie

La troisième section du recensement a pour but d’interroger les conditions particulières que vécues par nos membres qui pourraient être un défi supplémentaire pour ces dernier·ère·s en temps de crise. Ainsi, parmi les répondant·e·s, 7,5 % ont au moins un enfant à charge et 4 % ont à charge une personne de plus de 18 ans.

Si une forte majorité des répondant·e·s a accès à un ordinateur et internet (sous une forme autre que mobile), reste qu’en nombre absolu, ce sont 35 répondant·e·s qui affirment ne pas avoir accès à internet et 24 qui déclarent ne pas avoir accès à l’équipement informatique nécessaire. Par ailleurs, ces faibles résultats peuvent s’expliquer par le fait qu’il était nécessaire d’avoir accès à internet pour répondre au sondage. La situation se complique lorsque l’on inclut la question de l’espace de
travail. Alors, c’est plus de la moitié des répondant·e·s qui n’a pas accès présentement à un espace propice au travail. Avec les bibliothèques, scolaires ou publiques, les cafés et tous les autres lieux de travail des étudiant·e·s de fermés, ce résultat est peu étonnant (voir 7. Dans quelle mesure êtes-vous d’accord avec les affirmations suivantes).

4. État de santé

La quatrième section du recensement vise à faire le point sur l’état de santé physique et mentale de la population étudiante. Il faut d’abord savoir que 45 % des répondant·e·s estiment que leur état de santé a changé depuis la crise. D’ailleurs, plus d’un·e répondant·e sur cinq a soupçonné avoir des symptômes de la COVID-19, ou que ces symptômes soient présents chez un·e membre de son ménage On peut aussi souligner que, en nombre absolu, six cas positifs auraient été détectés parmi les répondant·e·s ou les membres de leur ménage, résultat peu surprenant étant donné que la ville de Montréal est un des foyers majeurs de contagion au pays.

Les questions 24 et 25 du recensement, portant sur la capacité d’accomplir des tâches selon l’état de santé des répondant·e·s (voir 8. Capacité d’accomplir des tâches en fonction de l’état de santé) montrent bien que nos membres sont affecté·e·s par la pandémie. Il est demandé d’estimer la fréquence à laquelle les répondant·e·s ont, d’une part, été limité·e·s dans leurs tâches et activités habituelles et, d’autre part, ont accompli moins de choses que souhaité.

La première question porte spécifiquement sur l’état de santé mentale des étudiant·e·s : les résultats révèlent que le tiers des répondant·e·s se sentent en tout temps limité·e·s dans leurs tâches et incapables d’atteindre leur rendement habituel en raison de leur santé mentale. Lorsque l’on prend celles et ceux qui se sentent limité·e·s tout le temps ou la plupart du temps, on se rend compte que ce sont plus de six répondant·e·s sur dix qui sont dans cette situation.

La seconde question porte quant à elle sur l’état de santé physique. Dans ce cas, c’est le quart des répondant·e·s qui se sent tout le temps limité depuis le début de la crise, et plus de quatre répondant·e·s sur dix si l’on prend celles et ceux qui se sentent limité·e·s tout le temps ou la plupart du temps.

Plus inquiétant encore, trois répondant·e·s sur cinq affirment vivre une détresse psychologique apparue ou amplifiée en raison de la COVID-19 (voir 9. Détresse psychologique).

La détresse psychologique renvoie à un état lié au stress et à l’anxiété. Ses manifestations peuvent être physiques (insomnie, fatigue), cognitives (difficulté de concentration), émotives (tristesse, colère, irritabilité, découragement, dévalorisation de soi) ou comportementales (isolement, abus de substances).

5. Cours en ligne

La section sur les cours en ligne vise à mettre en lumière les défis que pourrait poser la mise en ligne de la majorité des cours.

La question 27 mesure le degré d’accord des répondant·e·s en lien avec quatre affirmations portant sur les cours en ligne (voir 10. Dans quelle mesure êtes-vous d’accord avec les affirmations suivantes). Les étudiant·e·s semblent partagé·e·s quant à leur disposition à terminer leur session en ligne. Rappelons qu’au moment de leur inscription, la plupart de ces dernier·ère·s ne s’attendaient pas à réaliser une session en ligne, mais bien en présentiel. Cela explique pourquoi un peu plus de quatre répondant·e·s sur dix ne sont pas disposé·e·s à terminer leur session en ligne.

Pour ce qui est de la seconde affirmation, ce sont près de la moitié des répondant·e·s qui affirment ne pas avoir le temps ni les ressources nécessaires pour terminer leurs cours en ligne.

D’ailleurs, le tiers des répondant·e·s estime que ses cours nécessitent une présence physique.

Finalement, ce sont près de la moitié des répondant·e·s qui ne croit pas que leurs cours se convertissent facilement en format web.

Tel que l’affiche le graphique 11, la question suivante portait sur les facteurs qui limitent la capacité à réaliser des cours en ligne. Les étudiant·e·s pouvaient sélectionner plusieurs réponses. Si environ un cinquième des répondant·e·s s’estime tout à fait en mesure de suivre des cours en ligne, plusieurs facteurs nous interpellent,particulièrement :

➔ La moitié des répondant·e·s estiment que la détresse psychologique vécue est un facteur limitant leur capacité à réaliser des cours en ligne.
➔ Plus du tiers des répondant·e·s n’ont pas d’espace de travail adéquat.
➔ Alors qu’à la question sur l’accès à internet ou à un ordinateur, ce sont environ 5 % des répondant·e·s qui n’y avaient pas accès, lorsque l’on ajoute l’accès limité, on arrive à 14 % de répondant·e·s qui estiment que cette situation leur correspond.
➔ On peut ajouter qu’environ 7 % des répondant·e·s estiment que le fait de devoir s’occuper de leurs enfants les limite dans leur capacité à finir leur session en ligne.
➔ Le fait de travailler à temps plein pendant la crise est aussi un défi important chez près de 14 % des répondant·e·s.
➔ On peut souligner que 5 % des répondant·e·s ont dû déménager en raison de la COVID-19, de même que certain·e·s étudiant·e·s provenant de l’international ont dû être rapatrié·e·s.
➔ Un autre 5 % des répondant·e·s vivent une situation de handicap qui empêche ou limite leur capacité à suivre des cours à distance.
➔ Enfin, 5 % des répondant·e·s ont des symptômes qui s’apparentent au virus.

6. Session d’été

La dernière section du questionnaire a pour but de sonder l’impact qu’aurait l’annulation de la session d’été dans le cas où la crise sanitaire se prolongerait. Les résultats indiquent que 52 % des répondant·e·s comptaient s’inscrire à la session d’été 2020 (voir 12. Inscription à la session d’été 2020).

Parmi les impacts identifiés par les répondant·e·s, les principaux sont : le fait de devoir réaliser un stage, de perdre ses prêts et bourses ou sa bourse d’un organisme subventionnaire et d’être obligé·e·s de s’inscrire en raison du permis d’études. D’autres impacts fréquemment évoqués dans la section « autre » sont le retard dans le plan d’études des étudiant·e·s ou encore la surcharge de travail que pourrait entraîner le fait de devoir prendre plus de crédits aux sessions suivantes (voir 13.
Impacts de l’annulation de la session d’été).

En résumé

1. Situation générale

➔ La population étudiante consultée est fortement à risque de précarité financière accrue en raison du contexte de pandémie, notamment à cause des pertes d’emploi. Les membres de la FSPD ne sont pas épargné·e·s.
➔ L’absence d’un espace de travail et le fait d’avoir des enfants ou des personnes à charge posent un problème quant à la capacité de réaliser des cours à partir de la maison.
➔ Les étudiant·e·s de notre faculté souffrent de détresse psychologique, apparue ou accrue avec la pandémie.
➔ Cette détresse limite leur capacité à effectuer des tâches au quotidien et elle est évoquée par la moitié des répondant·e·s comme étant une limite pour terminer la session en ligne.
➔ L’état de santé physique est aussi un facteur limitant la capacité de réaliser des tâches pour près de la moitié des étudiant·e·s.

2. Conditions d’emploi et financière

➔ Ce sont près de six répondant·e·s sur dix qui dépendent principalement d’un salaire pour vivre.
➔ Un peu plus de deux répondant·e·s sur cinq ont soit perdu leur emploi, soit vu leurs heures de travail diminuer depuis le début de la crise sanitaire.
➔ Près de la moitié des répondant·e·s estiment être à risque de contracter le virus à travers son travail ou celui d’un·e membre de son ménage.
➔ Envrion la moitié des répondant·e·s jugent ne pensent pas avoir les moyens suffisants pour subvenir à leurs besoins si la crise se prolonge.
➔ Les deux tiers des répondant·e·s, dont 45 % sont tout à fait en accord et 22 % plutôt en accord, disent que leurs sources de revenus sont affectées par la crise de la COVID-19.

3. Conditions de vie

➔ 7,5 % ont au moins un enfant à charge.
➔ 4 % ont à charge une personne de plus de 18 ans.
➔ 36 répondant·e·s affirment ne pas avoir accès à internet.
➔ 24 déclarent ne pas avoir accès à l’équipement informatique nécessaire.
➔ Plus de la moitié n’a pas présentement accès à un espace propice au travail.

4. État de santé

➔ 45 % des répondant·e·s estiment que leur état de santé a changé depuis la crise.
➔ Près de sept cas positifs de COVID-19 ont été détectés parmi les répondant·e·s ou les membres de leur ménage.
➔ Six répondant·e·s sur dix se sentent la plupart du temps ou tout le temps limité·e·s dans leurs tâches et incapables d’atteindre leur rendement habituel en raison de leur santé mentale.
➔ Quatre répondant·e·s sur dix se sentent limité·e·s physiquement la plupart du temps ou tout le temps depuis le début de la crise.
➔ Trois répondant·e·s sur cinq affirment vivre une détresse psychologique apparue ou amplifiée en raison de la COVID-19.

5. Cours en ligne

➔ Quatre répondant·e·s sur dix ne sont pas disposé·e·s à terminer leur session en ligne.
➔ Près de la moitié des répondant·e·s affirment ne pas avoir le temps ni les ressources nécessaires pour terminer leurs cours en ligne.
➔ Le tiers estime que ses cours nécessitent une présence physique.
➔ Près de la moitié des répondant·e·s ne croit pas que ses cours se convertissent facilement en format web.
➔ La moitié des répondant·e·s estiment que la détresse psychologique est une limite à leur capacité d’effectuer ses cours en ligne.