Une centaine de manifestant-e-s ont accueilli Jolin-Barrette lors de son allocution devant le milieu des affaires

La manifestation « On fait la fête à Jolin-Barrette ! » dénonçait les réformes du PEQ ainsi que les politiques identitaires et antimigratoires du gouvernement caquiste.

Le 22 novembre 2019, Montréal – « PEQ, pas PEQ, la CAQ est xénophobe » ont scandé la centaine de manifestantes et manifestants réuni-e-s ce vendredi devant le Palais des congrès de Montréal alors que le ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration du Québec, Simon Jolin-Barrette, y défendait ses politiques migratoires discriminatoires devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

La foule s’est regroupée dans une ambiance festive à 11 h au Square Victoria pour des discours avant de se diriger vers le lieu de l’allocution du ministre.

« Lorsque le ministre Jolin-Barrette dit qu’il veut consulter davantage pour sa refonte du PEQ, nous savons qu’il ne parle pas de nous. Il parle du milieu des affaires. Pour lui, nous restons des numéros qu’il peut marchander au goût de l’économie », a dénoncé une étudiante en éducation à l’UQAM venue de l’internationale.

Ballons de fête et pancartes à la main, les travailleuses et travailleurs ainsi que les étudiantes et étudiants ont formé un véritable comité d’accueil au ministre devant le Palais des congrès de Montréal.

Un autre manifestant affecté par les réformes du PEQ s’est exclamé : « Que Jolin-Barrette vienne voir que nous sommes des êtres humains. Qu’il prenne connaissance que ces politiques sur l’immigration et sur la “soi-disant” laïcité de l’État affectent la vie de vraies personnes. »

Manifestation bouleversée par des fascistes

Un petit groupuscule identitaire et fascisant, armé de drapeaux du Québec et des patriotes, s’est présenté pour insulter les manifestantes et manifestants présent-e-s. Ce groupe d’environ huit personnes, qui serait Les Gardiens du Québec, criait avec fureur contre le foule : « Soumission ! Vous allez toutes vous soumettre ! », ou encore « Vive la CAQ ! ». Plusieurs manifestantes et manifestants affirment qu’un homme de ce groupe affichait avec fierté son tattoo « 100% White ». D’autres parlent de harcèlement spécifique à leur égard du fait qu’elles portaient un voile ou qu’elles étaient racisées.

Rappelons qu’une telle attitude de la part de ces groupes identitaires est particulièrement violente pour des personnes subissant quotidiennement des discriminations racistes, genrés et classistes. « Ça me brise le coeur… On aime les gens d’ici, puis on se fait répondre par certaines personnes avec haine », se désole une manifestante provenant de international.

« Ok, Ok, Ok boomer! », « Legault, Legault, t’as oublié tes fachos! » ou « Duplessis, revient, t’as oublié Jolin ! », répondaient les manifestants et manifestantes.

Refusons les politiques discriminatoires de la CAQ

Les manifestantes et manifestants dénoncent une attaque contre les personnes immigrantes et racisées. Rappelons qu’en juin dernier, le gouvernement caquiste a adopté sous bâillon le projet de loi 9, éliminant 18 000 dossiers de candidats à l’immigration, de même que le projet de loi 21 sur la « soi-disant » laïcité de l’État, ciblant particulièrement les femmes musulmanes. À la fin du mois d’octobre, le gouvernement de François Legault a modifié le Règlement sur l’immigration au Québec afin d’y instaurer son « test de valeurs » et de rendre le Programme de l’expérience québécoise (PEQ) conditionnel aux domaines de formation et à la région de travail des demandeurs et demandeuses du Certificat de sélection du Québec (CSQ).

Assemblée publique sur les changements au PEQ

C’est potentiellement plus d’une dizaine de milliers d’étudiantes, étudiants, travailleuses et travailleurs qui sont affecté-e-s par le resserrement de l’accès au PEQ dès cette année. À cela, ajoutons les quelques 45 000 étudiantes et étudiants inscrit-e-s dans le réseau d’enseignement québécois qui sont subiront potentiellement l’impact de la réforme proposée par la CAQ. Répétons que la suspension des modifications du PEQ, annoncée le 14 novembre dernier, n’est pas le retrait définitif de la réforme. Le ministre Jolin-Barrette persiste à vouloir proposer à nouveau, prochainement, la fameuse liste déterminant quelles formations demeureront au sein du PEQ. Les consultations que le ministre signalait entreprendre ciblent les « partenaires » du milieu « économique » et « éducatif », mais ne semblent pas inclure les personnes principalement visées par les changements au programme. Plusieurs étudiantes et étudiants ainsi que travailleuses et travailleurs s’inquiètent du manquent d’humanité que le ministre porte à leur égard.

La manifestation a été une demande de l’Assemblée publique sur les changements au PEQ, tenue le 6 novembre dernier à l’UQAM. Celle-ci a rassemblé plus d’une centaine de personnes concernées par cette modification au règlement. Cette assemblée a aussi prévu l’organisation d’un comité de mobilisation intercatégoriel et d’une nouvelle assemblée publique après le 25 novembre.

Organisations endossant la manifestation :

Syndicat des étudiantes et étudiants employé-e-s de l’UQAM (SÉTUE)

Association facultaire étudiante des arts de l’UQAM (AFÉA) 

Association facultaire étudiante de science politique et droit de l’UQAM (AFESPED)

Association Facultaire Étudiante des Sciences Humaines de l’UQAM (AFESH)

Association des étudiantes et étudiants de la Faculté des sciences de l’Éducation de l’UQAM (ADEESE)

Association Facultaire Étudiante des Langues et Communication de l’UQAM (AFELC)

Education Undergraduate Society of McGill (EdUS McGill)

Féministes racisé.es uni.es et solidaire (FRUES)

Collectif Féminisme et Droit UQÀM